La Mouche de Monsieur Gaspin

Je fais un post avec une petite nouvelle que mon chéri a écrit. Moi, j’adooooore !

Elle est petite, velue et moche. Elle a dû traîner, comme toutes ses comparses, dans beaucoup d’endroits peu recommandables. Elle vole au petit bonheur la chance dans la seule et unique pièce de Monsieur Gaspin.

Lui, n’a plus rien ni personne. Il est si seul qu’il ne connaît plus la joie du partage ni le sens du mot « ensemble ». Il n’a plus ni la force ni la volonté de vivre. A force de ressasser son passé, ses malheurs, sa déchéance il a perdu goût à la vie. Il se laisse doucement mais sûrement mourir. Sa chambre est sale et aux yeux de la mouche cela représente un vrai paradis, il y a de quoi manger, pondre et dormir. C’est tout ce qu’ elle demande ; et pouvoir trouver tout ça au même endroit est un rêve pour elle. Elle est heureuse.

Après de nombreux passages sous le nez de Monsieur Gaspin, il finit par la remarquer. Il sait qu’il pue et que ça attire les mouches. Il la regarde et hésite à la tuer. Elle se cogne bêtement au plafond, et ça amuse Monsieur Gaspin. ça faisait longtemps que Monsieur Gaspin ne s’était pas amusé. Elle joue avec la lampe, ça l’attire irrésistiblement. Elle se pose, se brûle, mais y retourne à chaque fois. Elle est têtue (et un peu con) comme Monsieur Gaspin. La nuit, la mouche est joueuse, elle fait des ronds, des huit et pleins d’autres figures ; dont il ne connaît pas le nom. Il l’observe en cachette et prend du plaisir à le faire.

Monsieur Gaspin a trouvé un sens à sa vie… Il va s’occuper d’elle ; la nourrir, la choyer. Elle est désespérément commune mais c’est SA mouche. Et ensemble ils ne feront rien, rien ; mais ensemble !

De peur de perdre sa nouvelle amie, Monsieur Gaspin ne sort plus, n’aère même plus l’unique pièce qu’il occupe. La mouche devient moins farouche et commence à se poser de plus en plus souvent sur lui. Il aime bien ça car ça le chatouille. Voila une autre sensation qu’il avait oublié et qu’il redécouvre avec plaisir : le contact. Peu à peu, il oublie sa timidité et lui parle, lui raconte des moments de sa vie, se confie. Et ça lui fait du bien. Elle, elle mange et quelquefois il semble à Monsieur Gaspin qu’il l’entend roter. Un tout petit rôt, tout mignon.

Grâce à la mouche, Monsieur Gaspin reprend goût à la vie. Il recommence à siffloter, chantonner, parler et même faire des projets sur l’avenir. Après deux semaines de vie commune il lui a donné un nom : Jocelyne. Il trouve que ça lui va bien. Jocelyne a grossit et elle a maintenant un terrible appétit. Monsieur Gaspin pense à tout ce qu’ils ont en commun. La taille (il n’est pas très grand), la pilosité, la laideur, leurs solitudes communes… Plus il y pense et plus il se dit qu’elle aurait fait une bonne compagne. Fidèle, complice, tolérante, joueuse. A bien y penser, Monsieur Gaspin commence à réaliser qu’il est tombé amoureux de sa mouche. Si petite, si fragile. Mais comme il n’a plus de revenus depuis longtemps, il appréhende de ne pouvoir subvenir indéfiniment à ses besoins. Alors il trouve des subterfuges, cache des restes dans des placards, ouvre de vieilles boîtes de conserves et les laisse négligemment traîner sur la table. Et ça marche, la mouche ne se doute de rien !

Mais, après quatre semaines de vie commune-faite de concessions et de privations-le manque de nourriture finit par avoir raison de Monsieur Gaspin et dans un dernier sursaut, il sourit ; songeant que n’ayant plus rien à lui offrir il pouvait lui léguer son corps…

Pierre

3 Commentaires

  1. Maeva

    trop bien
    jadore le coup du  » petit rot tout mignon »
    c’est marrant jadore 🙂

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  2. Nono

    Je trouve cette histoire REMARQUABLE ! Je ne savais pas que mon fils avait un tel talent. Comme quoi on peut toujours découvrir quelque chose même chez les gens qu’on croit bien connaitre. L’histoire est celle d’une dépression, celle de la solitude. Peu importe la qualité de la compagnie pourvu qu’on en ait une! La fin est inattendue et nous replonge brusquement dans l’univers de la dépression, monsieur Gaspin s’y replongeant avec délectation.
    Encore bravo fiston !

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  3. Gaëlle

    jolie histoire moi aussi j’étais amie avec une mouche un soir… je l’ais nourri de nutella et je l’ais logé dans une boite d’allumette le lendemain ma mère avait jeté la boite …. triste histoire …!

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